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Question posée par Xavier du CNRS-IN2P3

Réponses des membres – Merci aux contributeurs :

Jean-Michel (GROUPE ADP), Renaud (HUB ONE), Michel (CNAM Strasbourg)

N’utilisent pas la technologie du brouillard d’eau

Mathieu (ORANGE)

«Sans parler de vrais micros gouttelette, le taux d’humidité peut avoir des impacts sur les équipements IT.
J’ai eu un exemple dans un environnement free cooling direct malgré une maîtrise et surveillance constante de poids d’eau, de la corrosion a été constaté à deux niveaux : le premier sur certaines parois de baies et le second sûr et à l’intérieur de serveurs. Une conclusion partagée avec les constructeurs en question a été faite. Celle-ci vient de la peinture ou des matériaux utilisés par les constructeurs d’IT, car seuls certains éléments ont été touchés. Les 90 % évoluant dans le même environnement n’ont pas été impactés »

Adhérent masqué (anonymat demandé)

Le problème ne vient pas de la gouttelette en elle-même, mais de l’orifice d’éjection de celle-ci. Si les gouttelettes sont fines, l’impact sur la matériel sera moindre et à 99% nul. Par contre certaines gouttelettes plus « grosses » pourront rester « stockées » dans certains orifices des matériels et provoquer, à la longue, des effets pouvant être désastreux (choc électrique altération du métal si l’eau contient certaines molécules, etc…)

Fabien DOUBLET (Animateur OPEX)

2 expériences :

  • Déclenchement de sprinkler : les seuls équipements endommagés ont été ceux vers lesquels les têtes de sprinklers étaient directement dirigées avec distance inférieure à 1m.
  • Inondation des serveurs d’une baie d’une salle IT d’un site tertiaire par fuite d’eau au niveau supérieur. 2 à 3 cm d’eau dans chaque serveur. Intervention du prestataire  pour aspiration de l’eau et séchage des équipements. Remise sous tension et redémarrage des équipements IT moins de 24h après le sinistre. Nous avons ensuite appliqué une surveillance attentive matérielle et applicative des équipements concernés. Aucun problème n’a été constaté et leur cycle de vie n’a pas été modifié.

Stéphane LEFEVRE (Référent SSI du club OPEX)

Il a participé à l’essai HP/ILLIAD cité dans la demande de Xavier (https://youtu.be/0Ot4pby2D7o).  Il est interviewé à 1 mn 08 s.

« L’essai a démontré que l’utilisation d’un système brouillard d’eau ne perturbe pas le fonctionnement des serveurs IT. Aucun des 42 serveurs ne s’est arrêté pendant la présentation.

Cette performance est due à la grande surface d’échange des gouttelettes assurant de ce fait une absorption de chaleur efficace et une conversion rapide en vapeur, et permet d’obtenir  ainsi plus facilement la neutralisation du feu. La gouttelette moyenne d’un brouillard d’eau à une surface d’échange au moins 100 fois plus grande que celle assurée par un système de sprinkler traditionnel pour le même volume d’eau. Tout en supprimant le feu, le brouillard d’eau continuera à refroidir la source du feu, empêchant celui-ci de repartir et en même temps réduisant nettement les produits nocifs de la combustion. »

Extrait du MAG IT – Incendies dans un datacenter : les stratégies pour s’en prémunir

« Une alternative aux sprinklers consiste à utiliser un système de brumisation à la place des sprinklers. La brumisation disperse l’eau en minuscules gouttelettes qui éliminent la chaleur du feu par évaporation, sans mouiller suffisamment les équipements pour les endommager. Le brouillard pénètre par ailleurs dans les armoires, ce que ne fait pas l’eau des sprinklers standards, pour y supprimer la fumée. Cette fumée est souvent aussi dangereuse que l’incendie lui-même. Les réglementations dictent en tout état de cause si la brumisation peut remplacer les sprinklers. »

Extrait du livre blanc de France Datacenter p.47/48 https://www.sigma-incendie.fr/wp-content/uploads/2021/03/La-securite-incendie-dans-les-datacenters-Livre-Blanc.pdf

« La technique de protection par brouillard d’eau génère une multitude de fines gouttes dont le diamètre est inférieur à 1000 microns. Ces gouttelettes vont permettre de lutter contre le feu par refroidissement et également par un abaissement local, autour de la flamme, du taux d’oxygène (l’eau qui s’évapore au contact des flammes va prendre plus de place et ainsi déplacer une partie de l’oxygène). Il existe plusieurs techniques pour générer du brouillard d’eau: des systèmes à pompe haute, moyenne et basse pression, des systèmes autonomes à base de réservoirs d’eau pressurisés par des bouteilles de gaz et des systèmes bi-fluides eau + gaz. Le brouillard d’eau est considéré comme une alternative au sprinkler dans le cadre de la protection générale d’un datacenter et fait l’objet de nombreux guides nationaux (D2 de l’APSAD) et internationaux (NFPA750), toute tentative de réglementation contraignante étant impossible à ce jour du fait des techniques très différentes développées par les constructeurs. Toutefois, il existe une certification brouillard d’eau (IF2 APSAD) pour l’installation et la maintenance prenant en compte certaines applications comme par exemple les groupes électrogènes. Les salles serveurs ne font pas partie des applications certifiées par l’APSAD. Il est à noter que FM Global, quant à lui, a récemment certifié le brouillard d’eau pour un usage en salles serveurs. Contrairement au sprinkler, où les règles d’application suffisent pour définir les besoins (obligation de moyens), les constructeurs doivent démontrer l’efficacité de leur système brouillard d’eau en réalisant des tests normalisés dans des laboratoires spécialisés (obligation de résultats). L’efficacité du brouillard étant très variable d’une application à une autre, 3 objectifs potentiels sont définis : 1. Extinction incendie : plutôt réservés à la protection d’objets. Les systèmes homo – logués pour cet objectif doivent obligatoirement avoir fait l’objet de tests spécifiques selon des protocoles reconnus. Parmi les applications typiques dans un datacenter, on peut retrouver le brouillard d’eau en extinction incendie pour des transformateurs ou groupes électrogènes. 2. Réduction d’incendie : il s’agit de systèmes capables de réduire de façon très importante la puissance du feu. Pour ce type d’objectif, des autonomies plus importantes sont nécessaires et des systèmes à pompe avec réserve d’eau sont préférables. L’intervention humaine finale est obligatoire pour finaliser l’extinction des feux cachés. 3. Contrôle de l’incendie : par contrôle de l’incendie, on entend le maintien des températures autour de la zone en feu, et l’on évite la propagation du feu jusqu’à l’intervention des pompiers. Cet objectif nécessite un temps d’émission important pour contrôler l’incendie pendant un certain temps. On peut retrouver cette application dans de grandes salles, généralement supérieures à 3000 m². Dans un brouillard d’eau, la distance entre chaque goutte d’eau est telle qu’il n’y a pas de continuité et, par conséquent, le brouillard d’eau n’est pas conducteur d’électricité tant qu’il est dans l’air et jusqu’à une certaine tension. Cependant, il ne faut pas ignorer qu’à la fin de l’émission du brouillard, toute l’eau émise finit au sol ou condense sur les parois, et devient ainsi conductrice. Il faut prévoir également un temps de nettoyage et de remise en état de la salle avant la reprise d’activité, temps qui sera proportionnel à la durée d’émission du brouillard durant l’intervention. »